Baptême d'Arnault d'Azayes

Parvis sur lequel se trouvait le cardinal, appuyé sur sa crosse épiscopale, comme à l'accoutumée. Son visage épuré, soigné de toute verrue depuis le miracle Romain attribué à une ancienne consœur, conférait à sa peau néanmoins ridée un aspect plus agréable, moins repoussant. S'il avait réussit à vaincre un second mal, l'odeur infâme émanant de ses petons velus, qu'il frottait quotidiennement avec les missives vanillées émanant de la princesse Armoria, de nouveaux problèmes n'avaient tardé à tarauder son enveloppe corporelle. Et c'est le fondement en chou-fleur, en prise à de vives douleurs que lui provoquait ses hémorroïdes, qu'il accueillit Arnault :

Ah, quel beau jeune homme ! Quel poitrail, fort et vigoureux. L'avenir de la famille... Comment vous portez-vous, mon fils ? lança-t-il à la volée, cheminant déjà en direction de l'autel ou se tiendrait le sacrement...

Instinctivement, Arnault essaye d'évaluer la santé de son parent. Était-ce pire ou mieux que hier, jour de son arrivée en Brantôme ? L'estimation était peu aisée : Cyril avait beau être son parent, il n'en restait pas moins un des hauts fonctionnaires ecclésiastiques les plus puissants, outre son rang de cardinal romain électeur. Arnault se devait donc d'observer une stricte déférence envers cet homme qui avait déjà consenti à diverses mansuétudes envers lui.

Comme un charme, Votre Éminence, comment pourrait-il en être autrement en une telle journée ? répondt-il en évitant soigneusement de lui retourner la question afin de s'épargner le récit des complications articulaires quotidiennes du vieil empourpré.

Arnault obtempéra et récita :

Je confesse à Dieu tout-puissant,
Je reconnais devant mes frères,
Que j'ai péché en pensée, en parole,
Par action et par omission,
Oui, j'ai vraiment péché.
C'est pourquoi je supplie Aristote et Christos,
Les archanges et tous les Saints,
Et vous aussi mes frères,
De prier pour moi le Créateur.

Que le Tout Puissant nous fasse miséricorde,
Qu'il nous pardonne nos péchés,
Et nous conduise à la vie éternelle,
Dans le paradis solaire.

Amen

La chapelle quasiment vide avait déjà une assez grande connotation lugubre pour qu'Arnault n'en rajoute par la monotonie de sa voix. Il s'appliqua donc à cacher l'ennui provoquer par l'enfilade des récitations et entamant le credo :

Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
le fils de Nicomaque et de Phaetis,
envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Église Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la Vie Éternelle.

AMEN

Après un regard craintif sur la crosse (laquelle paraissait plus solide que le bras qui la tenait), Arnault acquiesça et récita :

Je reconnais en Dieu le moteur du monde,
la cause suprême et la cause efficiente et finale du monde.
Je reconnais l'Église Aristotélicienne comme mon guide dans la connaissance de Dieu, et je jure de lui rester fidèle ainsi qu'a son autorité, seule représentante sur terre de l'Être Divin.
J'accepte tout cela de ma propre volonté pour le salut de mon âme en vue de ma résurrection près de Dieu dans la contemplation éternelle de Sa Beauté. Je désire que mon nom apparaisse comme baptisé et serviteur de Dieu tout puissant.

Lorsque le cardinal eut apposé son scel sur le certificat, Appuis le remit alors au jeune fidèle.

Citation :

Certificat de baptême - Arnault d'Azayes

Au sein de la chapelle Sainte Saint Samoth, chapelle nobiliaire du château de Puymarteau, sis en la Vicomté de Brantôme, Arnault d'Azayes à reçu le sacrement du baptême des mains de Son Eminence Cyril Kad cardinal d'Azayes. Le sacrement fut octroyé le VIIIème jour de mars de l'an de Grâce mil quatre cent cinquante neuf. Le parrain fut alors Cyril Kad d'Azayes.


Ad Majorem Dei Gloriam

Cyril Kad d'Azayes